Avis
d'expert

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Interview de Pauline DUBAR, Association SPS

Infirmière pendant douze ans au CHRU de Lille,  Pauline DUBAR est à présent porte-parole de l'association SPS (Soins aux Professionnels de la Santé), déléguée régionale des Hauts de France et membre du Comité Scientifique Prévana Bien-être d'Anamnèse.
Ses différentes activités lui font toucher de près la souffrance au travail des professionnels de santé et leurs attentes pour améliorer leur bien-être au quotidien. Fortement engagée, elle nous confie dans cette interview les besoins en matière de prévention, et le rôle que pourrait jouer le digital dans ce dispositif.  

Un accroissement de la souffrance des soignants

Dans les grandes tendances que relèvent Pauline Dubar, elle ne peut que constater, à son grand regret, l'augmentation de la souffrance des professionnels de santé. Les motifs d'appels sur la plateforme téléphonique mise à disposition de l'association SPS indiquent une nette croissance des symptômes des soignants : de la légère anxiété d'hier à la limite du burn-out aujourd'hui.

Elle s'interroge sur l'impact de la médiatisation de cette souffrance : dans quelle mesure ne participe-t-elle pas à la contamination du mal-être ? Elle souhaiterait que puissent également être valorisées les initiatives positives et pas seulement les sources de démotivation.

Elle regrette enfin le manque d'évolutions des mentalités vis-à-vis des pathologies mentales. Trop de tabous subsistent encore !

 

Une demande d'alternatives thérapeutiques

Pauline constate un souhait très marqué des professionnels de santé pour des prises en charge non médicamenteuses (75% des personnes interrogées) et un accompagnement par des psychologues (50% des répondants). Elle rappelle que les possibilités des interventions non médicamenteuses sont très larges, de l'outil numérique à la sophrologie, en passant par la méditation pleine conscience.

 

Le défi de la prévention

Pauline Dubar souhaiterait une véritable prise de conscience et implication des pouvoirs publics sur la santé mentale. La prévention représente encore trop peu du budget santé : 2% seulement !

Par ailleurs, le retard de législation sur les prises en charge alternatives, non médicamenteuses, laisse la porte ouverte à des pratiques dangereuses et proches du charlanisme.

Les outils numériques progressent eux rapidement, ce qui est positif même si elle regrette que tous n'aient pas la même démarche scientifique que Prévana.

Le rôle du digital pour la santé mentale

En termes de prévention, les outils numériques peuvent permettre de diffuser une information maîtrisée aux patients. Les patients se posent souvent beaucoup de questions sur leur pathologie et malheureusement les médias ou Internet diffusent un contenu parfois erroné. A cet égard, Pauline Dubar souligne la responsabilité des éditeurs de solutions e-santé sur l'information communiquée aux patients.

Les éditeurs ont également une responsabilité sur le soin : l'outil numérique favorise l'autonomie du patient, il ne peut pas  - ne doit pas - se substituer au médecin. Un accompagnement par un professionnel de santé est toujours nécessaire : c'est spécialement vrai  pour les pathologies mentales qui nécessitent une vigilance et une attention particulière.

 

Son engagement dans le Comité Scientifique Prévana

Son appétence pour les nouvelles technologies et sa conviction que le digital doit de plus en plus s'intégrer dans les dispositifs de prévention ont convaincu Pauline Dubar en 2021 de rejoindre le Comité Scientifique de Prévana.

Pauline a été particulièrement séduite par la démarche du Comité de faire intervenir des personnes expertes dans leur domaine. Elle est attachée à la volonté du Comité de créer un outil complet, scientifique, et prenant en compte l'humain.